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    Unemployment, Inflation and « Guest Workers »: Comparative Study of Three European Countries

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    Trois pays occidentaux ont trouvé une solution partielle et possiblement temporaire au problème de parvenir à un degré élevé d'emploi tout en gardant leur taux d'inflation à un niveau relativement bas. Si l'on traduit cette conjoncture dans les termes du vocabulaire de l'économie politique, cela signifie qu'ils ont évité le piège de la courbe de Phillips laquelle veut qu'un taux de chômage bas exige une inflation marquée ou que vice versa, une inflation faible ne peut se maintenir qu'au prix d'un chômage élevé. Ces pays sont la Suède, l'Allemagne de l'Ouest et l'Autriche.Comme l'article le démontre, l'indice du coût de la vie en Suède, en Allemagne de l'Ouest et en Autriche s'est élevé en moyenne pendant la période de 1961 à 1980 d'environ 4.7 à 5.0 pour cent comparé à 6.0 pour cent dans l'ensemble des pays de l'O.C.D.E., à 5.5 pour cent aux États-Unis. Ces résultats doivent être examinés en relation avec le taux moyen de chômage. Ces derniers sont 2.5 pour cent en Allemagne de l'Ouest, de 2.0 pour cent en Suède et en Autriche alors qu'ils ont atteint une moyenne de plus de 6.0 pour cent aux États-Unis pendant la période de 1968 à 1980. C'est ainsi que l'Autriche s'est fort bien classée dans les deux domaines. L'Allemagne de l'Ouest et la Suède ont particulièrement bien réussi en autant qu'il s'est agi du chômage. Pourquoi ces pays ont-ils fait mieux que les autres pays d'économie de marché en Occident?Une étude du taux de croissance du produit national brut constitue un élément de réponse. En général, le taux de l'expansion économique y était aussi élevé que celui des pays européens de l'O.C.D.E., à l'exception de la récession de 1975. Cependant, il est possible que la cause de l'existence simultanée d'une croissance forte, d'une inflation peu élevée et d'un chômage faible soit ailleurs.Le deuxième élément de réponse peut se rattacher à l'existence dans ces trois pays de ce qu'on est convenu d'appeler « un contrat social ». Celui-ci prévoit la tenue de nombreuses réunions conjointes des syndicats, des associations d'employeurs et, quelquefois, des représentants des gouvernements aux fins d'établir pour l'année suivante des augmentations maximales des salaires et des prix propres à assurer une stabilité raisonnable des prix.À quelles conditions un « contrat social » est-il efficace et combien de temps est-il susceptible de durer? La principale condition réside dans un mouvement syndical unifié ou qui, à tout le moins, n'est pas aux prises avec la concurrence qui se présente dans un mouvement en voie d'éclatement. On retrouve cette situation avantageuse dans les trois pays, même s'il ne faut pas exclure toute friction occasionnelle.De plus, les parties aux négociations tant d'un côté que de l'autre doivent posséder des dirigeants énergiques qui ont l'autorité de prendre des engagements au nom de leurs affiliés et de les mettre en vigueur. Plus ces dirigeants sont protégés contre les pressions de la base, plus il leur est facile de s'engager dans les politiques qui ne sont pas populaires auprès des travailleurs ou des employeurs. L'existence d'un gouvernement sympathique au syndicalisme est un facteur sinon indispensable du moins favorable dans les circonstances. Un taux relativement élevé de croissance économique est également favorable, bien qu'il ne soit pas essentiel. Dans ces conditions, les grèves ne sont pas généralement fréquentes.Bien que, sauf en Autriche, aucun « contrat social » n'ait dépassé deux décennies, il est difficile, dans l'état actuel de nos connaissances, de prédire la durée limite d'un contrat de ce genre ou de déterminer les conditions qui favorisent sa durée. Comme une étude plus approfondie des systèmes de relations professionnelles le démontre, des facteurs accidentels, étrangers aux systèmes eux-mêmes peuvent y être responsables de l'écroulement de l'expérience.La deuxième partie de l'article traite d'une manière plus détaillée de l'évolution qui s'est produite en Allemagne de l'Ouest, en Autriche et en Suède. C'est dans un certain sens une façon de tester la validité des hypothèses présentées dans la première partie de l'étude. Dans l'ensemble, les hypothèses ressortent fort bien de cette vérification, même si l'on ne peut répondre d'une manière concluante à la question de savoir s'il s'agit de la cause ou de l'effet. (La croissance économique résulte-t-elle de la paix sociale que le contrat peut créer ou en est-elle une conséquence?)La dernière partie de l'article traite de la question de savoir si la situation relativement favorable de ces pays résulte de leurs politiques à l'endroit des « travailleursinvités » (guest-workers) comme certains auteurs l'ont prétendu. Le grand nombre de travailleurs étrangers attirés dans ces pays, notamment en Allemagne de l'Ouest, a sans doute beaucoup contribué à leur prospérité. Ont-ils aussi servi à réduire l'impact du chômage? On admet que, à l'exception de la France, aucun des pays de l'Europe occidentale se considère comme pays d'immigration. L'immigration massive en Allemagne occidentale à la fin de la deuxième guerre mondiale était dictée par la nécessité politique et non pas des considérations économiques. L'entrée massive de travailleurs étrangers pour des raisons économiques se produisit durant les années d'abondance des décennies 1950 à 1960.Il faut garder en mémoire que ce ne sont pas tous les travailleurs immigrants qui désirent demeurer en permanence dans le pays d'immigration. D'autre part, les citoyens des États membres de la Communauté économique européenne (CEE) sont maintenant libres d'aller d'un pays à l'autre pour y occuper un emploi. Ainsi, toutes les mesures restrictives de l'Allemagne de l'Ouest doivent s'exercer contre les nationaux des pays non-membres. (Pour ces motifs et également pour d'autres raisons, la Suisse ne peut servir de modèle, puisqu'elle ne fait pas partie de la C.E.E.) Les statistiques indiquent que, depuis 1973, le nombre des travailleurs étrangers a diminué en Allemagne de l'Ouest, apparemment plutôt par la cessation du recrutement que par un rapatriement en masse. En Autriche, on ne trouve qu'une réduction insignifiante du nombre de travailleurs étrangers. Il en est de même en Suède. Ainsi, même s'il y a eu un accroissement marqué de sentiments xénophobes en particulier de la part de la population allemande contre le grand nombre de Turcs qui travaillent ou viennent se fixer en Allemagne fédérale, aucune mesure rigoureuse n'a été prise pour améliorer le sort des sans-travail aux dépens des travailleurs étrangers.An attempt is made here to show the conditions under which Austria, West Germany and Sweden have come closer than other countries in attaining the double objective of full employment and price stability. Answers appear to lie in the direction of Gross Domes tic Product and the idea of a "Social Contract"

    Bullock and the Aftermath

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    Cette étude présente sommairement les recommandations du rapport Bullock publié plus tôt cette année; elle étudie les moyens d'instaurer la démocratie industrielle en Angleterre.Depuis longtemps déjà, mais surtout depuis les événements de 1968-1969, on cherche à mettre au point les mécanismes les plus aptes à l'instauration de la démocratie industrielle.L'auteur signale, au départ, que cette recherche s'inspire de la décision de la Communauté économique européenne d'adopter un type de loi des compagnies différent de celles qui gouvernent les sociétés multinationales dans les pays où elles font habituellement affaire. La CEE favorise un système uniforme qui s'inspirerait de la législation de l'Allemagne de l'Ouest parce qu'on estime que cette législation a beaucoup contribué au redressement économique de ce pays après la guerre et au maintien d'un haut degré de paix industrielle.L'auteur rappelle ensuite les principales caractéristiques du système allemand, soit la représentation des travailleurs aux deux paliers de la société: au conseil de surveillance qui détermine la politique générale de l'entreprise ainsi qu'au bureau de direction chargé de l'application de cette politique. La principale originalité de la démocratie industrielle en Allemagne consiste donc dans la représentation des travailleurs au sein de l'entreprise. Minoritaire au départ, cette représentation est devenue paritaire aux conseils de surveillance l'an dernier.La tradition britannique, où l'on conçoit les syndicats comme les adversaires du capital, s'oppose à ce genre d'institutions. Face à l'État et aux employeurs, la démocratie industrielle y repose sur la négociation collective, le monopole syndical de représentation des travailleurs et le rejet de la théorie marxiste selon laquelle l'enjeu de la lutte serait la propriété des moyens de production.Pour illustrer son opinion, l'auteur cite un certain nombre d'exemples. Ainsi, en 1929, lors de l'étatisation du système de transport dans la région londonienne, le Ministre des transports s'est gardé de nommer des représentants des travailleurs au bureau de direction. Les parties sont arrivées à un compromis selon lequel, non pas le syndicat représentant les travailleurs de l'entreprise, mais le mouvement syndical y serait représenté par des spécialistes en relations du travail qui n'étaient responsables qu'au Ministre.Plus tard, en 1944, le rapport de la Commission de reconstruction d'après-guerre recommanda que des syndicalistes d'expérience soient nommés aux bureaux de direction, mais on y émettait l'opinion qu'il ne saurait être question que les représentants des travailleurs « s'assoient des deux côtés de la table en même temps ». Le rôle du syndicatétait conçu comme une force destinée à faire échec au capital plutôt que son partenaire dans la direction des entreprises. D'ailleurs, lorsqu'on parlait de participation des travailleurs à la direction des entreprises, on ne visait que les entreprises nationalisées et non pas le secteur privé.Les choses en restèrent là jusqu'au début des années 60, alors qu'une minorité des membres de la Commission Donovan souleva de nouveau le problème de la participation des syndicats à la direction des entreprises. Le gouvernement travailliste en tint compte en favorisant des expériences en ce sens, tout en reconnaissant que la négociation collective restait encore la meilleure méthode de promouvoir la démocratie industrielle.Au début des années 70, avec l'entrée de la Grande-Bretagne dans la CEE et le développement spectaculaire de l'économie allemande, l'idée de la participation des travailleurs à la gestion refit surface et, en 1973, leTrade-Union Congress publia un exposé sur le sujet. Celui-ci favorisait nettement la participation des travailleurs au sein des bureaux de direction. Cette demande s'appuyait sur le fait que la négociation collective ne touchait pas aux politiques générales des entreprises, en particulier à leur financement, à leur aménagement et à leur fermeture, toutes questions où se trouvent engagés les intérêts vitaux des travailleurs. Cette déclaration adoptée, le contenu en fut discuté avec les instances du Parti travailliste d'où ce qui a été connu depuis sous le nom decontrat social. En échange de l'acceptation volontaire par les syndicats de certaines mesures de contrôle des salaires, diverses réformes furent promises et, parmi elles, une forme quelconque de démocratie industrielle.En vue d'en préparer l'aménagement, une commission d'enquête fut instituée en 1975 sous la présidence de Lord Bullock, historien de grande renommée. La majeure partie de ses membres était formée de personnes rattachées au Parti travailliste. Trois de ses onze membres appartenaient aux syndicats. Ses recommandations ne devaient s'appliquer qu'au secteur privé de l'économie.Le TUC acceptait l'idée de la participation des travailleurs à la direction telle qu'elle existait en Allemagne, mais rejetait l'existence des conseils ouvriers. Le TUC exigeait une représentation égale à celle des propriétaires si on acceptait un système à double palier. Si on retenait l'idée d'un seul bureau, le TUC acceptait une représentation minoritaire de ses membres subordonnément à ce que les administrateurs n'aient pas droit de vote et que le nombre des représentants des actionnaires ne dépasse pas celui des représentants des syndicats. La parité entre actionnaires et ouvriers ne devait pas conduire à une impasse, le président, choisi à tour de rôle entre les deux groupes, ayant voix prépondérante ou encore un président indépendant pouvant être choisi. On n'y prévoyait pas non plus la représentation des consommateurs à ce bureau de direction.Le rapport de la Commission, qui compte plus de deux cent pages, fut remis au début de 1977. Les recommandations du rapport se rapprochent beaucoup des suggestions du TUC et on y référé fréquemment au système allemand. Le rapport recommande le maintien du bureau de direction unique. Les décisions fondamentales au bureau de direction vont de la liquidation de la société à la nomination et au renvoi des cadres supérieurs.La proposition de la Commission qui fut la plus controversée fut celle de la constitution du bureau suivant la formule « 2X ± Y », soit une représentation minoritaire mais égale des actionnaires et des employés exigeant la présence d'un troisième groupe dans le bureau de direction qui serait désigné sur l'accord de la majorité des deux groupes. En principe, cela signifiait que la constitution du bureau de direction devait se faire entre le bureau de direction existant et les syndicats reconnus. S'il n'y avait pas d'accord dansles six mois, la loi prescrirait, l'application de la règle « 2X ± 1Y ». Le président serait choisi parmi les représentants des actionnaires, à moins que le bureau de direction n'en décide unanimement autrement.Le problème délicat de la négociation collective est considéré dans le rapport avec un optimisme surprenant, alors qu'il s'inspire de l'expérience suédoise où, cependant, la loi défend la participation des représentants syndicaux dans les bureaux de direction aux négociations collectives.Depuis la publication du rapport, qui s'est inspiré largement des propositions du TUC, on s'est rendu compte que celui-ci ne représentait pas l'unanimité des syndicats affiliés sur le sujet. Il y eu opposition au rapport tant de la gauche que de la droite du mouvement syndical. D'un côté comme de l'autre, certains syndicats veulent s'en tenir, pour des motifs différents, à leur rôle d'adversaires ou d'opposants au capital.D'autre part, les trois représentants du patronat se sont fortement désolidarisés des principales recommandations de la Commission. Ils ont préconisé le système allemand de représentation à deux paliers et laConfédération of British Industry a décidé de combattre les propositions du rapport et a menacé, si celles-ci étaient traduites dans une législation, de refuser de participer à des consultations avec le gouvernement.L'auteur conclut que le rapport a reçu un mauvais accueil de la part de l'opinion publique, même si celle-ci favorise certaines formes de représentation, qu'il va beaucoup plus loin que les circonstances ne le permettent présentement, non seulement en Grande-Bretagne, mais dans les autres pays industrialisés.This study presents the main recommendations of Lord Bullock's Committee of Inquiry on Industrial Democracy in Great Britain

    Canadian Industrial Relations – The Task Force Report

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    Le Canada, tout comme l'Angleterre avec son rapport Donovan, a senti le besoin de procéder à un sérieux examen de son système de relations industrielles.Sans vouloir reprendre chacun des thèmes développés par le « Task Force », nous nous arrêterons à ceux qui nous paraissent les plus importants à savoir les grèves en général — et également dans le secteur des services essentiels —, l'aliénation des travailleurs et quelques problèmes d'ordre économique.Nous devons cependant dès le départ prévenir le lecteur que nous sommes biaisé en faveur du rapport et ce parce que ses conclusions sont presqu'identiques à celles auxquelles nous serions arrivé si nous avions été membre de cette Commission.La recommandation la plus intéressante de ce rapport est à notre avis, celle qui réfère à la création d'une commission dite des conflits d'intérêt public pour pallier ou du moins diminuer la portée des grèves dites d'urgence. Cette recommandation est basée sur le désir de l'Équipe spécialisée d'éviter que ces conflits aboutissent de plus en plus sur la scène politique.Un second groupe de problèmes a retenu l'attention des auteurs du rapport : on peut les coiffer du titre générique d'aliénation du travailleur. Sur ce point, notons simplement que l'Équipe spécialisée a été victime dans une certaine mesure, de la terminologie marxiste.Une partie importante du rapport a été consacrée à l'étude des problèmes soulevés par le plein-emploi de longue période. Sur ce point, le travail des spécialistes est un bon résumé des connaissances actuelles sur le sujet. Notons cependant que quelques-unes des recommandations démontrent un certain progrès dans la compréhension de ce problème très complexe.Les auteurs distinguent trois sortes d'inflation : celle due au « demand-pull », une autre consécutive au « cost-push » et un troisième type relevant des « demand-shifts ». Il serait beaucoup trop long d'examiner ici cette classification en détail. Notons simplement qu'ils aboutissent à une mise en garde contre les dangers de vouloir identifier des causes particulières à l'inflation. En plus, ils favorisent le plein emploi au détriment de la stabilité des prix, formule très vague qui est plus un voeu pieux qu'un guide pour l'établissement d'une politique.Le rapport fait également mention d'un certain nombre d'autres problèmes : la démocratie industrielle, l'accréditation, la « désaccréditation » et la sécurité syndicale, chapitre où les auteurs proposent l'établissement de l' « agency fee » en réponse à la baisse constante du sens de solidarité de classe. Nous sommes ici d'accord avec les auteurs et nous croyons qu'ils manifestent sur ce point un plus grand réalisme que le législateur américain. Le rapport attaque également la question délicate de la parité de salaire et le sérieux problème de l'impact des autres systèmes de relations industrielles sur un pays à double tradition tel le Canada.Sur plusieurs points, l'étude de l'Équipe spécialisée en relations du travail peut avoir établi un modèle que les Américains devraient examiner et peut-être même, suivre.After an overall judgment of the Report, the author examines problems such as the emergency strike, the alienation of the worker, the long-term full employment, inflation, industrial democracy, union certification, union security and wage parity

    Democratic Socialism in Europe

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    Some Thoughts on Labor and Political Action

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    This is an attempt to formulate, at an early stage of a research project, some hypotheses on the relationship between the labor movement and political action.Cet assai veut mettre en lumière, au stage initial d'un projet de recherches, quelques hypothèses sur les relations entre les mouvements ouvriers et l'action politique.Pour Marx, l'action politique est l'arme fondamentale des classes laborieuses: c'est par elle, et par elle seule, qu'elles peuvent s'émanciper: toute organisation, en dehors du parti politique n'est conçue que dans le but de jeter les bases d'un groupement politique. La victoire, finale des classes laborieuses se concrétise par la conquête du pouvoir politique par le parti. H est donc évident que pour Marx, l'action politique prend de plus en plus d'importance dans les mouvements ouvriers.Les Webbs, par un raisonnement différent, concluent dans le même sens que Marx.Perlman, par contre, voit la chose d'un tout autre oeil. Les mouvements syndicaux, en prenant de l'ampleur et de la force, se libèrent des intellectuels qui ont été à leur origine. Ce faisant, pense Perlman, ils oublient les objectifs politiques et les buts de changement social que les intellectuels leur mettaient devant les yeux. En s'émancipant de la tutelle des intellectuels, les travailleurs fixent plutôt leur attention sur des objectifs immédiats et de portée économique. Le mouvement syndical se définit comme groupe de pression et non plus comme groupement politique.On constate aisément une confusion des données « scientifiques » et « normatives » dans ces courants de pensée. Aussi est-il bon de clarifier le problème en définissant ce qu'on entend par «action politique ».Selon nous, ce terme doit être réservé au travail des organisations en quête de solutions pour toute une gamme de problèmes. Par contre le groupe de pression pur et simple concentre son attention sur un petit nombre de buts. D'une part donc, la méthode s'appuie sur le contrôle administratif et la législation, d'autre part le groupe de pression s'appuie sur la force de la revendication collective.Notre but est de suggérer quelques hypothèses qui peuvent aider à comprendre les divers dosages d'action politique et de revendication collective dont les différents mouvements syndicalistes font usage.Sous peine d'être accusé d'ethnocentrisme, il nous faut rejeter l'hypothèse selon laquelle tout mouvement syndical mettra l'accent en dernier essor, sur leur pouvoir de réclamation collective; cela peut s'avérer véridique, par exemple dans le cas du syndicalisme américain. Cependant, l'action politique peut éventuellement prendre plus d'importance: nos hypothèses porteront sur les conditions dans lesquelles l'une ou l'autre méthode sera vraisemblablement plus efficacement employée.MODÈLE THÉORIQUEPour les fins de l'analyse, nous utilisons les quatre variables suivantes:En bref, nous pouvons formuler les propositions suivantes:Il convient maintenant de développer ces hypothèses.I Développement économiqueUn coup d'oeil sur l'histoire suffirait pour nous montrer que l'industrialisation (avec ce qu'elle implique en termes de croissance des revenus, du niveau d'éducation, etc.) a entraîné des changements dans les objectifs des mouvements syndicaux. Suffrage universel, droit et opportunités de bénéficier de l'éducation, reconnaissance sociale du travailleur manuel sont autant d'objectifs des mouvements syndicalistes passés. A mesure que l'État assumait un rôle grandissant dans le domaine de l'éducation et de la sécurité sociale, les partis syndicaux laissaient ces objectifs économiques. C'est ce stage qui nous intéresse: pour fins de simplicité, nous supposerons que l'objet des revendications des travailleurs est le salaire.Le salaire étant un prix, ses déterminants seront donc l'offre et la demande de travail. Le pouvoir d'une union résidera dans son habileté à influencer l'un ou l'autre des déterminants ou à fixer un prix différent de l'équilibre dans le cas où l'offre et la demande seraient fixées.Vu que l'union a peu ou pas d'influence sur la demande de travail, son pouvoir d'action résidera dans le contrôle de l'offre de travail.Or, dans la plupart des pays, en voie d'industrialisation, l'offre de travail excède la demande. C'est ce qu'on exprime en parlant de chômage voilé (situation fréquente en agriculture) ou de sous-emploi. Au niveau de salaires en vigueur, il existe encore une main-d'oeuvre disponible. Conséquemment, la main-d'oeuvre active peut augmenter sans qu'il n'y ait de hausse des salaires (en supposant que l'offre de travail est parfaitement élastique).Ce surplus de main-d'oeuvre, à ce stade de l'industrialisation provient des conditions suivantes:Avec cet excès de l'offre sur la demande, U semble bien que le mouvement ouvrier aura peu d'influence sur le taux des salaires, en tout cas pour ce qui concerne la main-d'oeuvre non-spécialisée.Le cas est autre cependant en ce qui concerne les salaires des travailleurs qualifiés, dont l'offre est faible (dû au bas niveau d'éducation prévalant au début de l'ère capitaliste) et dont la demande est forte. Ici, le taux de salaires devrait s'accroître aisément sans même la pression d'un mouvement ouvrier.Le mouvement ouvrier devra faire une option déterminante dans un tel contexte: appuyer les seuls ouvriers qualifiés ou tous les travailleurs. Dans le dernier cas, Us devront trouver des moyens de contrôler l'offre de travail en prévenant les migrations, le délaissement de la culture, etc.En somme, un mouvement ouvrier limité à la main-d'oeuvre qualifiée met l'accent sur le pouvoir de revendication collective. Un mouvement incluant tous les ouvriers, ayant peu d'influence sur le marché, sera dépendant de sa force d'action politique par laquelle il peut contrôler l'accès au marché du travail et ainsi limiter l'offre, (ex.: par des lois sur l'immigration, tarifs agricoles, etc.)II Changement sur le marché (l’offre) du travailL'excès de l'offre sur la demande de travail peut être éliminé de façons suivantes:Aussitôt que la pression de l'offre excédentaire sur la demande, est enlevée, vraisemblablement les salaires vont commencer à s'élever. (La hausse de productivité permet cet accroissement de salaires.)Dans cette situation, le pouvoir de revendication collective est un instrument efficace dans les mains des mouvements ouvriers.III Changements des structures des mouvements ouvriersCependant, il serait trop facile de croire que la logique du développement économique conduit droit au paradis où l'action politique serait superflue au mouvement ouvrier dont le seul pouvoir de revendication suffirait à assurer ses objectifs.En fait, le mouvement ouvrier subit aussi l'influence du développement économique. Avec l'émergence de la production en chaîne, un nouveau type de travailleur a fait son apparition: à mi-chemin entre le travailleur qualifié et le non-qualifié, il constitue la masse grandissante du monde ouvrier. D'une part, il a rendu plus facile l'ascension du travailleur non-qualifié qui, après un entraînement rapide, peut assumer des tâches, apanages des ouvriers qualifiés avant la mécanisation; d'autre part, il a rendu plus vagues, moins définies, les frontières entre les divers types de travail: la position monopolistique du travailleur qualifié s'en trouve affaiblie d'autant.Les unions fortes modernes ne sont plus comme autrefois des associations de gens de même métier, mais se forment au plan de la grande usine.Alors que les premières unions de métier s'appuyaient sur leur pouvoir de revendications, les unions modernes y ajoutent l'élan de l'action politique. La position des ouvriers semi-qualifiés (la masse des mouvements ouvriers) est plutôt précaire sur le marché vu qu'ils sont appelés à être remplacés rapidement et facilement; il en est ainsi pour le travailleur qualifié dans un monde où le niveau d'éducation s'élève rapidement. D'où, l'action politique s'ajoute au pouvoir de pression des unions ouvrières pour plus d'efficacité.En conclusion, qu'il nous soit permis de donner quelques exemples selon les hypothèses de notre modèle.La dualité de l'économie mexicaine pose un cas intéressant.En dépit d'un taux de croissance rapide, le chômage y est très répandu: résultat de l'émergence récente de son passé féodal et colonial.L'action politique est l'arme principale du mouvement ouvrier quoique le pouvoir de pression collective n'est pas sans efficacité. En donnant aux unions plein contrôle sur le marché (l'offre) du travail, le gouvernement s'assure un appui politique indispensable à son maintien. De façon subsidiaire, le pouvoir de pression entre donc en jeu.Dans la plupart des pays sous-développés, il semble bien que la seule issue ouverte au succès du mouvement ouvrier soit l'action politique.Voulant construire une économie selon les normes de l'industrialisation moderne, les pays sous-développés donnent naissance, à cette classe caractéristique de travailleurs semi-qualifiés. L'unionisme qui se veut efficace doit envisager l'action politique puisque le seul pouvoir de revendication collective ne peut endiguer l'offre excédentaire de travail

    International Labor Problems

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